ARTICLE DU 20/01/02 |
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Volcan
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Avec la catastrophe qui vient de
frapper la République démocratique du Congo (RDC), le Nyiragongo se
rappelle au mauvais souvenir des habitants de la ville de Goma,
partiellement détruite jeudi (nos éditions précédentes). Vingt-cinq ans
après exactement après son dernier coup de colère meurtrier — 2 000
victimes en trente minutes, piégées par un flot ardent issu de la
vidange brutale de son lac de lave permanent —, le volcan a donc
récidivé.
A 24 heures d’intervalle Dans le même temps, à la Réunion, le piton de la Fournaise s’énerve. Le 5 janvier dernier, des fissures éruptives s’ouvrent dans l’enclos au pied du Nez coupé de Sainte-Rose, à 1 850 mètres d’altitude, au terme d’une crise sismique comme on n’en connaît pas d’exemple dans la courte histoire de l’observatoire volcanologique, créé en 1979. On redoute un cheminement souterrain du magma vers une zone extérieure à l’enclos. De fait, le 12 janvier, après la fin apparente de l’activité, une seconde phase débute avec l’ouverture d’une fissure dans le rempart qui forme l’enceinte naturelle inhabitée du volcan, à 1050 mètres d’altitude : à moins de 100 mètres près, la lave jaillissait dans les hauts du village de Bois-Blanc ! Un torrent de lave fluide et très chaude se jette à la mer moins de quarante-huit heures plus tard, le 14 janvier. A trois mois près, l’éruption qui constituait ces derniers jours encore une menace pour Sainte-Rose, comme en témoigne l’évacuation préventive préconisée par les autorités, s’est également produite vingt-cinq ans après l’éruption qui dévasta partiellement Piton Sainte-Rose, en 1977. Le Nyiragongo et le piton de la Fournaise auraient-ils des accointances qui expliqueraient leur activité simultanée ? Mais poursuivons plutôt, en laissant parler Maurice Krafft, emporté par une nuée ardente le 3 juin 1991 sur le volcan Unzen, au Japon. Il s’agit cette fois d’événements plus proches de nous géographiquement, puisqu’il est question du volcan de l’archipel des Comores. Par deux fois déjà dans les années 70, indiquait le volcanologue, le Piton de la Fournaise et le Karthala se sont réveillés en même temps : “Le 7 septembre 1972, le piton de la Fournaise entrait en éruption, suivi moins de vingt-quatre heures plus tard par le Karthala, distant de 1700 kilomètres (…) !” Et Maurice Krafft revient sur l’année 1977, décidément agitée : “Les deux monstres volcaniques ont récidivé en 1977 : le 5 avril, à 11 h 30, se déclenchait une grosse éruption sur le flanc du Karthala qui détruisit partiellement le village de Singani, et le même jour, à 17 heures, une éruption commençait sur le Piton de la Fournaise pour engloutir ultérieurement de nombreuses maisons de piton Sainte-Rose !” Une coïncidence sembalable s’est répétée en juillet 1991, la Fournaise entrant en éruption en même temps qu’une gigantesque éruption phréatique déchirait le sommet du Karthala. Etonnant lorsque l’on sait que le Karthala n’entre jamais en activité plus de deux à trois fois par décennie (il ne s’est d’ailleurs pas réveillé depuis 1991). Il n’est pas exclu que des volcans proches aient des liaisons souterraines : selon Maurice Krafft, une importante éruption au Mauna Loa à Hawaii entraîna “une baisse considérable du niveau du lac de lave du Kilauea, distant d’une cinquantaine de kilomètres”. Il rappelle aussi ces éruptions de la montagne Pelée à la Martinique et de la Soufrière de Saint-Vincent, distantes de 160 kilomètres, qui firent respectivement 28 000 et 2 000 victimes, à vingt-quatre heures d’intervalle, en mai 1902… Une grosse bouffée magmatique ? “Est-ce une grosse bouffée magmatique qui est montée dans toutes les Antilles ?”, s’interroge le volcanologue. “Est-ce la conséquence d’un événement géologique régional lié à la tectonique des plaques ? (…) Ou les volcans communiquent-ils effectivement ? Nous n’en savons rien”, avoue-t-il. Reste le merveilleux “Voyage au centre de la Terre” de Jules Verne, pour rêver seulement… L’histoire du professeur Lindenbrock et de ses compagnons, “entrés dans la cheminée volcanique du Sneffels, en Islande, qui furent rejetés, après bien des aventures souterraines, par celle du Stromboli en Italie” relève bien entendu de la pure fiction ! De toute façon, poursuit Maurice Krafft, “les cheminées volcaniques ne sont pas creuses, les couches profondes de la Terre en fusion ne sont pas caverneuses et enfin ces deux volcans ne communiquent pas”. Pour le Nyiragongo, le piton de la Fournaise et le Karthala, difficile de se prononcer en tout cas ! En dépit de leurs similitudes, ces trois volcans situés sur une même plaque tectonique, sont à la fois bien proches mais aussi éloignés les uns des autres, il faut le reconnaître. Maurice Krafft, qui les connaissait bien pour les avoir photographiés, filmés et parcourus en tous sens conclut : “Hasard, coïncidence, peut-être, mais ce type de corrélation mériterait une étude statistique approfondie fondée sur les 5 000 éruptions connues d’environ 900 volcans actifs durant les 2000 dernières années” … François Martel-Asselin
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