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ARTICLE DU 17/01/02
Volcan  
L’observatoire volcanologique, les autorités de la région Est et Sainte-Rose vont-ils pouvoir réellement souffler ? L’arrêt brutal de l’activité du piton de la Fournaise, hier à 16 h 10, ne les autorise pas à le croire sur parole. Ils attendent les jours à venir pour déclarer ou non tout danger écarté.


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Pas de régate à Sainte-Rose

À bord de la vedette Saint-Alexis, cinq gendarmes de la brigade nautique du Port ont pris la mer hier à 6 h 30. Direction l’enclos et la zone d’un kilomètre autour de la coulée interdite à la circulation maritime depuis lundi. Ils ont mis trois heures pour avaler les 48 nautiques en contournant l’île par le nord. “Nous somme venus faire appliquer l’arrêté préfectoral, explique Serge Pagès. En fait nous n’avons contrôlé que deux bateaux qui s’étaient approchés un peu plus qu’il ne fallait.” Pas de contravention pour le pêcheur et le plaisancier, mais un appel à la prudence qui a été bien compris. Les deux bateaux ont vite pris leurs distances.
Le message d’interdiction de navigation est relayé toutes les quatre heures sur les fréquences radio du Cosru, le secours en mer. Ce message a refroidi les ardeurs des navigateurs. Dans l’après-midi, un seul plaisancier s’est approché, à la voile, des côtes de Sainte-Rose. Il est arrivé aux abords de la coulée après que l’activité se soit soudainement arrêtée, hier vers 16 heures.
Les gendarmes, plongeurs confirmés, se sont brièvement mis à l’eau, le temps de constater que la visibilité était quasiment nulle en profondeur. Inutile de tenter l’aventure sous-marine avant un bon moment.



La Fournaise sous haute surveillance


“Les fins d’éruption subites, on connaît. Mais on ne peut pas s’y habituer. On est pris de court”, souligne Alex Nercessian, sismologue à l’Institut de physique du globe (IPG), actuellement en mission à la Réunion pour appuyer ses collègues qui forment l’équipe de l’observatoire. Plusieurs des récentes éruptions du piton de la Fournaise se sont ainsi achevées en quelques minutes à peine, comme celle de juin-juillet 2001 encore. “Mais leurs signaux sismiques étaient anormaux”, poursuit le scientifique.
Or, hier, la sismicité sous le sommet s’est encore accrue par rapport à la journée de mardi : 160 événements pour les douze premières heures, dont un de magnitude supérieure à 2,5, contre 180 en vingt-quatre heures la veille, dont six de magnitude supérieure à 2 ! Cette activité ne manquait pas de préoccuper les autorités qui redoutaient de plus en plus une éruption hors enclos … jusqu’à la disparition soudaine du trémor et de la sismicité, à 16 h 10 précisément.
“Jamais on n’a enregistré une telle activité sismique, avec autant d’énergie”, commente Thomas Staudacher, directeur de l’observatoire. Aussi, les scientifiques se montrent très prudents et n’ont bien entendu rien changé à leur programme, malgré le retour apparent au calme.

La cheminée obstruée par un bouchon ?

L’éruption peut être terminée comme un bouchon peut avoir obstrué la cheminée d’alimentation.
Les survols effectués hier ont permis de noter dès le matin un impressionnant dégazage aux cônes de la première phase de l’éruption du 5 janvier, à 1 850 mètres d’altitude, avec un panache large de 50 mètres pour
3-400 de haut. Au cours de la journée, le champignon blanc qui marquait l’entrée de la coulée dans la mer a fluctué, se réduisant à un chapelet de simples fumerolles dès la fin de la matinée. Mais il n’est pas exclu que la lave, au cours de son trajet sur la plate-forme gagnée sur la mer, se soit écoulée en tunnel, l’acheminant directement vers les fonds marins (voir photo aérienne à la une). En début d’après-midi, un débordement a été observé au-dessus du Grand-Brûlé, avec un nouveau bras de coulée dévorant la forêt à proximité du rempart. Mais, dès 15 h, le chenal principal était figé, selon les gendarmes présents sur la route nationale.
La caméra thermique de l’observatoire embarquée à bord de l’hélicoptère de l’armée de l’air n’a permis de déceler aucun point chaud suspect hors enclos pouvant laisser augurer de l’ouverture de fissures.
Que va-t-il se passer désormais ? Véritable retour au calme ou troisième phase à redouter ? Les interlocuteurs de Thomas Staudacher devaient se souvenir hier soir de ses propos d’il y a quelques jours, rapportés par le “Journal de l’île”. Il expliquait comment la phase d’activité qui a débuté samedi dernier, décrite comme une «éruption hors enclos mais dans l’enclos» dans la mesure où la fissure s’est ouverte dans le rempart, pouvait servir de soupape de sûreté et désamorcer la crise qui menaçait le secteur de Bois-Blanc. Puisse-t-il avoir raison.
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LA PREMIÈRE ÉRUPTION D’UNE ÉTUDIANTE EN VOLCANOLOGIE
Le fabuleux matin d’Amélie


Amélie se promenait hier après-midi entre Notre-Dame des Laves et la salle du troisième âge, centre nerveux du dispositif de secours. Les camions militaires, les équipes de télé, les bénévoles de la Croix-Rouge, elle croisait tout ce petit monde, perchée sur son petit nuage. Amélie, elle, est heureuse. Elle a réalisé un rêve qu’elle caressait depuis bientôt dix ans : hier matin, elle a approché la lave.

“Je suis étudiante à l’université de Berkeley (USA), où je viens de finir mon bachelor de géologie. C’est l’équivalent d’une licence.” Française bon teint, -son papa, le journaliste Ladislas de Hoyos reste dans les mémoires des téléspectateurs et des auditeurs des chaînes nationales- elle a décidé de traverser l’Atlantique pour entrer dans l’une des meilleures universités publiques américaines et apprendre la tectonique des plaques dans une région du monde (l’Ouest américain) où ce phénomène géologique est surveillé comme le lait sur le feu. Et accessoirement pour parfaire son anglais, la langue des communications scientifiques.

BAPTÊME DU FEU

En décembre dernier, diplôme en poche, elle envoie un mail à l’observatoire volcanologique du piton de la Fournaise, expliquant qu’elle voulait apprendre les différentes techniques de surveillance du volcan réunionnais : “Je suis venue deux fois déjà à la Réunion. Une amie a longtemps habité ici. Elle m’avait emmenée randonner au volcan. Je crois que c’est en voyant la Fournaise que j’ai été sûre de vouloir travailler dans cette voie.”
L’observatoire est intéressé par la candidature, mais l’organisation pose problème. L’université de San Francisco ne délivre pas de convention de stage. “Le 5 janvier, le jour où l’éruption a commencé rien n’était fait.” La semaine dernière les demandes finissent par aboutir, et elle embarque pour la Réunion où elle est arrivée lundi, prise en charge par les équipes de l’observatoire.
Ce jour-là, la coulée coupait la route et se taillait un chemin vers la mer. Lundi et mardi, à l’observatoire, elle se rend utile. Petite voix d’accueil quand le téléphone crépite, elle n’a pas de mission particulière mais aide de son mieux.
La récompense ne tarde pas : hier mercredi, Thomas Staudacher l’emmène avec lui. En compagnie du directeur de l’observatoire, elle sera l’une des premières à fouler la coulée de gratons encore brûlants, à se frayer un chemin jusqu’au fleuve de lave fluide qui coule encore au centre.
Elle regarde médusée son patron s’équiper de la combinaison protectrice pour prélever des échantillons dans la coulée. C’était sa première éruption, sa première coulée de lave. On ne peut rêver plus joli baptême, ni meilleur guide.
Amélie travaillera à l’observatoire jusqu’au premier mars. Elle espère y apprendre un peu de la pratique qui manque à ses études théoriques. Au rythme où vont les choses, ce sera bientôt fait. Elle quittera la Réunion plus motivée que jamais pour entreprendre un doctorat de volcanologie à l’université de l’Oregon. Cinq ans dans les amphis. Ensuite ? Si un poste se libère à l’observatoire, on l’imagine volontiers postuler : elle a déjà de beaux souvenirs par ici.

François Martel-Asselin et Philippe Petit, photos René Laï-Yu





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