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ARTICLE DU 15/01/2002
Volcan  
On n’avait pas vu cela depuis 1986. Hier après-midi, la coulée
de lave a atteint l’Océan dans un immense nuage de vapeur d’eau. Quelques spectateurs présents sur le bord de la falaise se sont délectés de cette fabuleuse étreinte entre l’eau et le feu.
Mais toute l’après midi, des centaines de personnes se sont massées sur le bord de la RN2, traversée par la coulée en fin de matinée. Spectacle d’une rare intensité. Et forcément inoubliable.


 
• Les photos et les articles de cette nouvelle éruption

Retrouvez également :
• Notre dossier sur le volcan et son histoire

Ainsi que
• Les photos et les articles sur l'éruption de mars 2001
• Les photos et les articles sur l'éruption de juin 2001

• Pagaille hier soir Du côté de Saint-Philippe, la pagaille était à son comble hier soir. Sur la route du retour de la coulée, il a fallu quatre heures pour faire la Vierge au Parasol-Saint-Philippe entre 20 heures et minuit hier soir. Une autorité préfectorale malgré le gyrophare, n’est pas allée beaucoup plus vite que l’automobiliste moyen pour accéder à l’enclos par les routes du Sud…


GROS PLAN
Un événement exceptionnel
Les coulées du piton de la Fournaise qui atteignent la mer sont suffisamment rares pour qu’on les considère comme des moments exceptionnels dans l’histoire de l’île. Plus d’une fois en effet, le volcan a coupé la route avant de s’arrêter soudainement, comme épuisé. Ainsi en 1976 et en juillet 2001.

— 1986 : le 20 mars, éruption hors enclos dans les hauts du Tremblet, à Saint-Philippe. Un des deux coulées se jette à la mer, à Citrons-Galets, celle de Takamaka s’arrête avant de l’atteindre. De nouvelles fissures déchirent ensuite la route nationale 2 et la lave jaillit à 30 mètres d’altitude, le point le plus bas jamais observé. L’île s’agrandit de plus de 25 hectares à la pointe de la Table.
— 1977 : en avril, éruption hors enclos dans les hauts de Sainte-Rose. Le village de piton Sainte-Rose est traversé par les coulées qui se jettent à la mer après avoir encerclé la gendarmerie puis l’église, depuis baptisée Notre-Dame des Laves.
— 1961 : en avril, éruption dans l’enclos (plaine des Osmondes), vers 1 370 m d’altitude. Cratère Alfred-Picard. Une coulée d’océanite atteint la mer.
— 1931 : en août, éruption dans l’enclos (plaine des Osmondes), vers 1 480 m d’altitude. Cratère Haug. Une coulée d’océanite atteint la mer.

A 15 h 40 les premiers morceaux de lave tombaient dans la mer

La Réunion s'agrandit


“C’est un spectacle magnifique, grandiose ! C’est incroyable”, Jean-Jacques n’en revient toujours pas. Lui qui habite le Limousin, “près des contreforts des volcans d’Auvergne éteints depuis des millénaires”, ne sait plus quel superlatif utiliser pour décrire la scène qui se déroule sous ses yeux. La coulée de lave n’est qu’à quelques mètres. Elle a franchi la RN 2 voici bientôt une heure. Et poursuit maintenant sa progression vers la mer à travers la végétation. Jean-Jacques l’observe depuis plus de deux heures, hypnotisé par cette masse rougeoyante que rien ne semble pouvoir arrêter. “ça c’est sûr, on est gâtés”, s’enthousiasme le touriste. Heureusement j’ai pris des photos. Trois pellicules depuis ce matin. Sinon, les gens ne me croiront pas quand je rentrerai en métropole “. Autour de Jean-Jacques, la foule grossit de minutes en minutes. 300, puis bientôt 400 personnes se massent devant la coulée de lave. Sur la route, les quelques gendarmes en faction surveillent à distance le spectacle. La chaleur empêche les curieux de s’approcher trop près. Nul n’a d’ailleurs envie de s’y risquer. Le crépitement des arbres enflammés et les sourdes explosions du méthane suffisent à faire reculer les plus hardis.
Caméra au point, Claude garde lui aussi ses distances et commente en direct l’avancée de la coulée de lave. “C’est le pied !, lance-t-il en rigolant. Vous vous rendez compte, ça couche même les arbres”. Grande gueule et joyeux luron, selon ses propres termes, Claude en prend plein les yeux. Et se délecte à l’avance en imaginant la tête que vont faire ses amis de métropole en visionnant son film. “C’est tout simplement parfait, se réjouit-il. On prend l’avion cette nuit. Et quel fantastique souvenir on va ramener chez nous”. Devant la coulée de lave, le défilé des photographes ne s’interrompt pas. Seul ou en famille, chacun veut se faire tirer le portrait, dos tourné au magma en fusion. Ambiance bon enfant. Le volcan assure le spectacle. Le public, lui, n’a plus qu’à savourer.

“CA DÉPASSE TOUT “
Et même les habitants des environs, pourtant rompus à ce genre d’événements, ne boudent pas leur plaisir. Catherine est venue avec ses voisines de Sainte-Rose pour voir la coulée de lave traverser la route. “On est arrivés pile à temps. C’est vraiment super, commente la gramoune, chapeau de paille et parapluie à la main. Enfin, tant que c’est loin des habitations”, ajoute-t-elle prudemment. Sur les hauteurs, le ciel dégagé laisse apercevoir le long ruban rouge qui coule sur les pentes du volcan. La rivière de feu progresse vers la mer avec une rapidité surprenante. Et quelques malins se sont déjà engagés sur le sentier des pêcheurs. Sur place, une quarantaine de curieux et les inévitables habitués du volcan attendent impatiemment le moment fatidique, caméras et objectifs tournés vers le bloc de lave qui n’est plus qu’à 50 mètres du bord de la falaise. Perché dans un arbre, Tino scrute attentivement la progression du magma. “J’ai jamais vu ça. ça va être féerique”, lance le jeune marin pêcheur. Nicolas, lui, est venu en famille pour assister à cette incroyable rencontre entre l’eau et le feu. “C’est un rêve pour moi”, explique Claudine, sa femme. Impressionnée par la puissance du phénomène, la jeune femme se dit un peu angoissée d’être là. “Mais on est obligés de rester”. A quelques mètres d’elle, le rouleau compresseur poursuit tranquillement son travail. Les arbres s’effondrent sur son passage, la lave rougeoyante coule à pleine goulée et le front gagne sur la végétation, centimètre par centimètre. Devant ce spectacle, seule la mer semble rester imperturbable. Sur la falaise, les vagues viennent se fracasser bruyamment et soulèvent d’immenses gerbes d’embruns. L’Atmosphère est surréaliste. L’eau, le feu, “on est pas grand-chose face à la nature”, observe Claudine. Soudain un cri. Et le bruit sec d’un tronc d’arbre qui s’écroule sous la poussée de la lave. La foule se recule un instant. L’accident est évité de justesse. Mais vite oublié aussi. Le spectacle hypnotise, fascine, impossible de s’en détacher. “C’est l’euphorie, confie Xavier en secouant la tête. Terrifiant non. Mais ça dépasse tout”.

“LA RÉUNION S'AGRANDIT”
Il est 15 h 40 quand les premiers blocs de lave tombent dans la mer. Le public applaudit et s’agglutine sur le bord de la falaise. Une fine colonne de vapeur d’eau s’élève dans le ciel. Puis, plus un bruit. Chacun observe religieusement l’inimaginable rencontre entre le volcan et l’Océan. En contrebas, d’énormes gratons explosent au contact de l’eau, projetant des particules de laves à plusieurs mètres de hauteur. Une demi-heure plus tard, c’est tout le front de la coulée qui se déverse dans la mer. Le spectacle devient fascinant. Fascinant et dantesque. La lave fluide dégouline en flots ininterrompus sur les flancs de la falaise. L’eau semble bouillonner. Les vagues sont écrasées par les blocs de lave qui dégringolent sans cesse. Et des troncs d’arbres calcinés flottent au milieu d’une écume jaunâtre.
François, originaire de Bois-Blanc, observe stoïquement le spectacle. Les éruptions, “moi j’aime pas ça”, lâche-t-il d’un ton sec. Le Réunionnais avait douze ans lors de la coulée de 1977. Et des souvenirs comme cela, il préfère visiblement ne plus en avoir. N’empêche, il est quand même venu avec ses amis observer une nouvelle fois la coulée. On n’échappe pas si facilement à la fascination du volcan. Sur l’Océan, un long promontoire commence à se former. “C’est la Réunion qui s’agrandit”, plaisante Xavier. Dans le ciel, on ne voit plus désormais qu’une immense colonne de vapeur d’eau qui s’enroule dans les airs. Les premiers spectateurs, repus par tant d’excitation, commencent à rebrousser chemin. Le volcan et la mer retrouvent du même coup un peu d’intimité. Ils poursuivront ainsi toute la nuit leur dévorante et bouillonnante étreinte.


LA MENACE D'UNE ÉRUPTION HORS ENCLOS ÉCARTÉE ?
Paradoxalement, la reprise brutale de l’activité du piton de la Fournaise, samedi soir, va peut-être contribuer à lever la menace d’une éruption hors enclos qui pèse sur la commune de Sainte-Rose.

Le déroulement de la crise sismique qui a précédé l’éruption du samedi 5 janvier, où le magma a jailli tout près du Nez coupé de Sainte-Rose, à 1 850 m d’altitude, permettait de craindre l’ouverture de nouvelles fissures éruptives encore plus loin de la zone centrale du volcan, peut-être hors enclos. Une semaine plus tard exactement, le samedi 12, une fissure a déchiré le rempart de Bois-Blanc, à 1 050 mètres d’altitude, à l’extrémité Est de la plaine des Osmondes, confirmant l’exactitude de cette analyse. Or, l’ampleur de cette deuxième phase, survenue alors que l’éruption était considérée comme sur le point de s’achever, peut aujourd’hui laisser espérer qu’elle suffise à désamorcer le risque d’une phase ultérieure à plus basse altitude encore. “La fissure de samedi soir s’était en réalité sans doute mise en place dès le 5 janvier, expliquait hier soir Thomas Staudacher, directeur de l’observatoire volcanologique. Mais elle n’était sans doute pas assez perméable et le magma y a cheminé lentement avant d’en sortir. Nous n’avons enregistré aucune sismicité lorsqu’elle s’est ouverte, simplement une augmentation très nette du trémor qui lui a sans doute permis de s’agrandir.”
Une reconnaissance dans la plaine des Osmondes, hier après-midi, a permis d’évaluer le débit à 20 voire 30 mètres cubes par seconde au point de sortie, un débit jugé important par le scientifique de l’Institut de physique du globe (IPG). Le magma qui en est isssu, très riche en olivine, sans doute venu de grande profondeur, s’écoule “comme de l’eau”, selon Thomas Staudacher, ce qu’explique le fort dégazage observé samedi après-midi déjà au niveau des cônes du 5 janvier, au Nez coupé.
“On peut espérer que cette décharge va suffire à faire tomber la pression, analyse alors le responsable de l’observatoire, et que l’éruption se limite à cette nouvelle phase”.
Afin de parer à toute éventualité, une station sismique mobile a été installée hier à Bois-Blanc, pour offrir une meilleure couverture de la zone potentiellement menacée.
Si 28 séismes ont été enregistrés à environ 500 mètres au-dessus du niveau de la mer dimanche, à l’aplomb du sommet du piton de la Fournaise, une quarantaine ont été toutefois dénombrés hier entre 4 et 13 h. La sismicité profonde dans la zone de l’éruption semble avoir disparu.

Jean-Benoit Beven Bunford







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