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ARTICLE DU 15/01/02
Volcan  
La statue de la Vierge au Parasol a été évacuée en urgence hier matin, sous la menace de la lave. La bonne mère de Bois Blanc a eu chaud : la coulée filait droit sur elle et a d’ailleurs englouti tout le monument qui lui servait de socle. Quelques voitures oubliées auraient pu subir le même sort si les gendarmes n’avaient pas employé les grands moyens. Peu à après midi, quelques centaines de spectateurs estomaqués et ravis ont vu débouler le torrent à 1 200°C. Chaud devant !


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REPÈRE
• 17 HEURES : ACCÈS INTERDIT À partir de 17 heures, les mesures de sécurité ont été renforcées. Le routes étaient saturées, et les autorités commençaient à craindre le pire : l’embouteillage monstre. Les gendarmes jusque-là si compréhensifs ont donné à tous le signal du retour. Devant les voitures bleues, les heureux et les privés de volcan se sont retrouvés dans le même cortège. Côté Sainte-Rose, comme côté Saint-Philippe, on ne passait plus.
Ce barrage n’a pas tenu toute la nuit. La pression du public a contraint les autorités à plus de souplesse. Côté Sainte-Rose, à la bifurcation des Radiers, vers 21 heures, la gendarmerie avec l’aval de la préfecture a laissé passer les piétons.
Côté Saint-Philippe, les gendarmes ont laissé passer quelques centaines de personnes en début de soirée au rond-point de Saint-Philippe (7 km aller-retour pour atteindre la coulée). Vers 21 heures, contre-ordre : les spectateurs ont été ramenés derrière des barrières, hors de vue des laves. Les autorités craignaient le passage d’une seconde coulée, repérée dès hier matin, et ne voulaient pas prendre le risque de voir des personnes prises au piège. Tout cela a fini en un énorme cafouillage.
Nul ne sait encore à l’heure où nous écrivons ces lignes, si les autorités envisagent de laisser le public accéder librement à la coulée ce matin.

La lave a coupé la RN2 hier midi, traversant le parking de la vierge au parasol

La Vierge sauvée des flammes


La dernière coulée sortie des entrailles du piton de la Fournaise a pris de vitesse les observateurs les plus avertis, mais les gendarmes faisaient bonne garde. Après plusieurs reconnaissances dans la nuit de dimanche à lundi, puis dans la matinée d’hier, ils ont senti le vent tourner et vu à temps la coulée de lave approcher plus vite que prévu. Hier, en fin de matinée, les hommes du capitaine Bonnet de la brigade de Saint-Benoît, étaient assez nombreux qui canaliser les quelques trois cents personnes qui avaient eu assez de chance ou d’obstination pour être là au bon moment, de part et d’autre du parking de la Vierge au Parasol
À 11 h, la route nationale a été interdite aux voitures à l’entrée du rempart, côté Sainte-Rose, et à la hauteur de la décharge, côté Saint-Philippe. Moins de cent mètres au dessus de la chaussée, à l’aplomb de la Vierge, un panache de fumée montait des arbres. Il ne restait plus qu’à prendre les paris : le miracle allait-il se produire ?
La Vierge au Parasol a été érigée au début du siècle par un grand propriétaire de Bois Blanc, M Leroux, qui avait mis ses cultures sous cette divine protection. Elle aurait échappé miraculeusement une coulée de lave quelques années plus tard, mais les champs du sieur Leroux sont partis en fumée. La légende était née. En revanche, La Vierge a été happée par les flammes du volcan le 19 avril 1961. Alors, miraculeuse ou pas ?
Bruno Pajany, maire de Sainte-Rose veillait : “Moi je voudrais qu’on la laisse en place, mais je ne suis pas le seul à décider.” La statue est une propriété du diocèse, et il a été conseillé en haut lieu de ne pas la laisser affronter seule la roche en fusion.
Le maire a temporisé tant qu’il a pu, mais le panache de fumée s’est fait menaçant. Au travers de goyaviers, on commençait à voir rouge. Les équipes techniques de Sainte-Rose ont amené perceuses et scies circulaires. Libérer la statue de son socle n’a pas été une mince affaire mais la Vierge s’est finalement retrouvée accrochée au godet d’une pelleteuse. Avec les égards dus à son rang, on l’a posée dans la plate-forme d’une camionnette. Elle est ce soir en lieu sûr, à Sainte-Rose.

DEUX MINUTES CHRONO
On ne donnait plus cher de ce bout de terrain, privé de son idole. Peu après-midi, la lave est sortie du bois. Une coulée de gratons, qui lâchait devant elle des cailloux pas plus grands que le poing. Elle était rapide, bien plus que la coulée de juillet 2001.
Sur le parking de la Vierge au Parasol, six voitures sont encore stationnées.
Toute la matinée, les gendarmes sont montés aux abords de la coulée et ont prévenu par mégaphone ceux qui traînaient là-haut que leurs voitures étaient menacées. Sans succès. Une petite berline de location était à trois mètres du front de lave quand son propriétaire s’est glissé à bord et l’a lancée à fond de train en marche arrière. Coup de chance : elle a démarré au quart de tour. Un deuxième conducteur s’est présenté à temps, et trois voitures abandonnées étaient à l’écart du tracé de la coulée. Il n’en restait qu’une promise à la fonderie.
Trop tard pour les PV, les gendarmes et la DDE ont cassé une vitre, desserré le frein à main et poussé la voiture à l’abri. Elle a ensuite été embarquée par une dépanneuse. L’histoire ne dit pas si elle passera la nuit à la fourrière. Selon toute vraisemblance, le conducteur a été pris de vitesse pas la coulée et s’est retrouvé coincé côté Saint-Philippe.
À 12 h 12, la coulée s’attaque au bitume. Deux minutes plus tard, elle avait traversé les huit mètres de chaussée. Le panneau d’information indiquant l’emplacement de la Vierge tombe dans la foulée, l’autel en pierre de lave est avalé par petits morceaux.
De l’autre côté de la coulée, le kiosque-boutique a évité le pire : son toit est resté d’aplomb. La lave l’a manqué de peu. La coulée s’épaissit à mesure qu’elle traverse la route et dépasse bientôt trois mètres, comme en juillet dernier. Derrière les barrières de police, côté Sainte-Rose, plus de 200 personnes, appareils photo et caméras au poing ne manquent rien du spectacle. Côté Saint-Philippe, ils sont au moins autant. Les forces de l’ordre ne succombent pas à la tentation de mettre le public “en sécurité”, hors de vue du phénomène.

TOUT LE MONDE A VU
Tout le monde profite du spectacle, sans trop de grincements de dents, recule sagement à mesure que la coulée progresse, à mesure que les gendarmes distinguent à travers les fourrés des rougeurs menaçantes.
Un peu en dessous de la route, une clairière a permis au nouveaux spectateurs de voir passer la coulée.
Ils se sont installés dans l’herbe. Le point de vue était autrement plus confortable qu’en juillet dernier. Enhardi par le public, un fier-à-bras est allés titiller la coulée du bout d’une tige de choka, histoire de ramener un graton tout chaud à la case. Un petit jeu dangereux, mais un souvenir de prix.
Sur la route, une équipe de l’observatoire volcanologique s'essayait au même jeu, mais pour la bonne cause. Vers 13 heures, Philippe Kowalski et deux autres scientifiques ont arraché à la coulée quelques échantillons. Après les avoir laissés reposer quelques minutes dans une flaque d’eau, ils les ont ramenés vers l’observatoire de Bourg Murat pour analyses. Le public a afflué tout au long de l’après midi. Même quand à 15 heures, la route a été interdite à la circulation à partir de la bifurcation des Radiers, il y avait encore des centaines de personnes qui partaient sac au dos pour deux kilomètres de marche à pied jusqu’au site.
Quelques-uns ont traîné à deux pas de la coulée, d’autres se sont aventurés en aval, espérant avec raison que la coulée irait à la mer. Les derniers, étaient massés en un grand groupe à l’entrée de l’enclos. De ce promontoire, ils ont suivi patiemment le panache de fumée. Quand un grand jet de vapeur d’eau est monté dans le ciel, signe que la coulée avait atteint son but, on a tous applaudi.


NUIT DANTESQUE SUR LE FRONT DE COULÉE
Embrasement nocturne
Dimanche soir, tous les amoureux du volcan ont compris que dame Fournaise n’avait pas l’intention d’en rester à sa première coulée de l’année, entamée samedi 5 janvier dernier. Car le Journal de l’Ile vous apprenait dès dimanche matin qu’une nouvelle fissure crachait son flot de magma le long du rempart nord de l’enclos. La nuit s’avançant, les visages se sont tous levés vers le ciel du Grand-Brûlé pour constater que les indices étaient incontournables et largement visibles depuis la route nationale. Le torrent de lave particulièrement impressionnant qui dévalait la pente embrasait les nuages. On y distinguait très nettement deux ruisseaux parallèles, qui se scindaient encore en deux coulées différentes après un petit surplomb, pour se jeter d’une part en direction de la coulée de 1998 (c’est-à-dire sur la gauche en regardant vers le sommet) et d’autre part le long du rempart de Bois-Blanc.

FACE À LA LAVE
Vers 21 heures, sur le parking de la Vierge au Parasol, des centaines de badauds se pressaient et grimpaient les premiers mètres de l’ancienne coulée de 1998 pour prendre un peu de hauteur et profiter un maximum, en “live”, des nouvelles images projetées par la Fournaise. Nombreux sont ceux qui se sont aventurés beaucoup plus avant sur les gratons pour tenter d’approcher le front de coulée. Mais celui-ci, longeant le rempart de Bois-Blanc, ne s’est pas laissé approcher si facilement et aussi nombreux sont ceux qui ont rebroussé chemin après une ou deux heures de marche en terrain accidenté. En fait, il y avait moyen de couper court à travers la forêt pour atteindre le front de lave plus directement. Mais les difficultés étaient multipliées par une végétation dense et un sol instable, ponctué d’obstacles tels que trous dissimulés, racines apparentes ou encore rochers émergeant brutalement.
Mais quand le mur de lave surgissait enfin, avalant sur son passage filaos et vigne marronne sans faire de détail, les sens s’éveillaient à la mesure de l’événement. Malgré tout, sur le chemin du retour, rendu assez incertain par la nuit, difficile au milieu des gratons et glissant avec l’humidité, on ne pouvait pas s’empêcher de penser que mince, quand même… Quelle folie cette expédition nocturne en milieu hostile ! Alors que d’ici quelques jours, la lave serait sûrement à nos pieds en bordure de route… On ne croyait pas si bien dire !

Philippe Petit / Valérie Koch







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